Information sur

Hépatites

Hepatites virales: focus sur l'hepatite C

Dans le monde, environ 71 millions de personnes vivent avec le virus de l’hépatite C. Si elle n’est pas traitée, l’infection par l’hépatite C peut provoquer des maladies hépatiques chroniques et débilitantes : fibrose, la cirrhose et cancers (hépato carcinome).

Hepatites

En 2015, l’infection par l’hépatite C a contribué à 30% des décès liés à l’hépatite virale, soit environ 400 000 vies perdues.
Il n’existe pas de vaccin contre l’hépatite C, ce qui donne aux initiatives de prévention, de dépistage et de traitement une importance cruciale.

VHA

L’hépatite A est généralement causée par l’ingestion d’eau ou d’aliments contaminés par des matières fécales. Cette maladie n’est pas chronique et rarement mortelle. Cependant, elle peut provoquer des symptômes et même une insuffisance hépatique sévère.
Pour s’en prévenir : veiller à laver et bien cuire les aliments, se laver les mains, consommer de l’eau potable ou bouillie et vacciner les enfants à partir de 12 mois.

Ce vaccin, sûr et efficace pour la prévention de l’hépatite A, est également recommandé aux populations dont certains comportements les exposent à ce virus, comme les UDI, les personnes en contact direct avec une personne infectée à l’hépatite A, ayant des relations sexuelles anales non protégées, entre autres.

Il n’y a pas de traitement spécifique pour cette maladie. Les symptômes disparaissent généralement en quelques semaines ou quelques mois. En l’absence d’insuffisance hépatique aiguë, l’hospitalisation n’est pas nécessaire.

VHB

L’hépatite B est une infection hépatique potentiellement mortelle causée par le virus de l’hépatite B (VHB). Elle représente un problème de santé publique majeur. Elle peut prendre une forme chronique et exposer les malades à un risque important de décès par cirrhose et cancer hépatique. On dispose depuis 1982 d’un vaccin contre l’hépatite B.

Ce vaccin est efficace à 95 % dans la prévention de l’infection et du développement d’une hépatite chronique et d’un cancer du foie dû à l’hépatite B.

Le virus se transmet par contact avec le sang ou d’autres fluides corporels provenant d’une personne infectée : verticalement à la naissance, lors de transfusion de produits sanguins contaminés, d’actes médicaux invasifs utilisant du matériel contaminé, lors de contacts sexuels anaux, vaginaux ou oraux sans préservatif. Le virus de l’hépatite B peut survivre à l’extérieur du corps pendant au moins 7 jours. Pendant cette période, il peut encore infecter une personne non vaccinée.

La période d’incubation moyenne du virus de l’hépatite B est de 75 jours, mais peut aller de 30 à 180 jours.

VHC

L’hépatite C est une maladie du foie causée par un virus. Le virus de l’hépatite C peut entraîner à la fois une infection hépatique aiguë et chronique, dont la gravité est variable, pouvant aller d’une forme bénigne qui dure quelques semaines à une maladie grave qui s’installe à vie.

Le virus de l’hépatite C est transmis par le sang. Les modes de transmission les plus fréquents sont les suivants : consommation de drogues injectables en partageant le matériel d’injection ; réutilisation ou mauvaise stérilisation du matériel médical, en particulier des seringues et des aiguilles, dans certains centres de soins ; la transfusion de sang et de produits sanguins n’ayant pas fait l’objet d’un dépistage, ce qui est de moins en moins le cas. Le virus de l’hépatite C peut aussi être transmis lors de rapports sexuels ou par une mère infectée à son nourrisson, ces modes de transmission étant toutefois moins courants

Signes et symptômes

Le système immunitaire humain peut éliminer le virus de l’hépatite C par lui-même chez environ une personne infectée sur quatre, dans le cadre d’un processus appelé la clairance spontanée. Ceux qui ne se débarrassent pas du virus dans les six mois souffrent de ce qu’on appelle une hépatite C chronique. Sur 100 personnes qui ont une infection chronique, environ 30 peuvent ne jamais développer de problèmes hépatiques, mais elles peuvent quand même transmettre le virus de l’hépatite C à d’autres personnes. Les 70 autres personnes peuvent développer des lésions hépatiques, mais elles peuvent n’avoir aucun ou seulement des symptômes bénins. Après environ 20 ans, 10 à 15 de ces 70 personnes auront développé une cirrhose (cicatrisation du foie), et cinq à sept d’entre elles développeront une insuffisance hépatique ou un cancer du foie.

Les principaux symptômes de l’hépatite C sont la fièvre, la fatigue, un manque d’appétit, des maux d’estomac, des vomissements, une urine foncée, des selles grisâtres, des douleurs articulaires et la peau et / ou yeux de couleur jaune. Certaines personnes ne présentent aucun symptôme ou peuvent passer plusieurs années jusqu’à ce qu’ils se développent et quand ils apparaissent, ils ont généralement les signes d’une maladie hépatique avancée.

Comme la plupart des personnes atteintes d’hépatite C ne présentent aucun symptôme perceptible, la maladie est considérée comme une infection «silencieuse» qui peut être transmise à d’autres sans le savoir et ne peut être détectée que lorsqu’elle a déjà causé des dommages importants au foie.

Transmission

L’hépatite C est un virus transmis par une exposition à du sang infecté par le partage de matériel d’injection contaminé entre des PID, la transfusion de produits sanguins contaminés ou des procédures de soins de santé « dangereuses » impliquant du matériel médical non stérilisé (ex. chirurgies, dialyse). Il peut être aussi transmis lors de manucures, pédicures, tatouages ​​ou piercings faits avec des matériaux ou des instruments mal stérilisés. L’hépatite C peut également être transmise sexuellement et d’une mère infectée à son bébé. En effet, il y a un risque d’infection lors d’un contact avec une blessure percutanée, une membrane muqueuse ou peau non intacte avec les tissus, le sang ou autre fluides corporels.

Facteurs de risque
  • Vivre avec le VIH: un système immunitaire plus affaibli par le VIH peut avoir de plus grandes difficultés à prévenir l’exposition au VHC et donc entraîner le développement d’une infection chronique.
  • Avoir été diagnostiqué(e) comme ayant d’autres infections transmissibles sexuellement: les lésions causées par ces types d’infections augmentent le risque de contact avec le sang, pendant les rapports sexuels et donc le risque d’infection au VHC.
  • Pratiques sexuelles violentes ou brutales: ces pratiques peuvent causer des blessures ou des micro-blessures pas toujours détectables à l’œil nu, qui génèrent la présence de sang.

Diagnostics

Le dépistage se fait via un test sanguin qui recherche des anticorps contre le virus Hépatite C. Ce test d’anticorps contre l’hépatite C positif ou réactif signifie qu’à un moment donné, la personne a été infectée. Cependant, un test sanguin supplémentaire, de charge virale de l’hépatite, appelé test ARN, est nécessaire pour confirmer le diagnostic d’infection chronique en cours. Les tests génotypiques du virus de l’hépatite C ne sont pas nécessaires avant le traitement avec un schéma AAD «pan-génotypique».

Toutes les personnes qui ont déjà fait partie d’une population avec des taux élevés d’infection par l’hépatite C devraient être soumises à un test d’anticorps. Cela comprend les personnes qui s’injectent des drogues (PID) et les personnes vivant avec le VIH (PVVIH). Dans la population générale, dans les milieux où la prévalence des anticorps anti-hépatite C est ≥ 2% ou ≥ 5%, tous les adultes devraient avoir accès et se voir proposer le test d’anticorps.

Prévention

  • Il n’existe pas de vaccin contre le VHC.
  • Les mesures de prévention consistent à éviter tout contact avec fluides corporels, membranes, muqueuses, peau, sang et sécrétions.
  • Si vous êtes actuellement un utilisateur de drogues injectables, utilisez toujours des aiguilles ou des seringues neuves et stériles, et ne réutilisez ou ne partagez jamais aiguilles ou seringues, eau ou autre matériel de préparation des substances
  • Le virus de l’hépatite C résiste aux savons et aux désinfectants comme l’alcool. La seule méthode efficace pour le retirer des instruments utilisés est une stérilisation à chauffer à 80 ° C, pendant 5 minutes.
  • Utilisez un préservatif pendant les rapports sexuels, de préférence ceux en latex.
  • Utilisez uniquement des lubrifiants à base d’eau avec des préservatifs en latex.
  • Évitez les lubrifiants qui contiennent l’huile (comme la vaseline, l’huile de coco ou les lotions hydratants), car ils peuvent endommager le latex et casser le préservatif.
  • En cas de rapports sexuels «hard», utilisez un préservatif et utilisez-le correctement / avec du lubrifiant afin d’éviter les blessures pendant la pratique.
  • Ne partagez pas de jouets sexuels. Vous devriez toujours les laver et les désinfecter correctement après utilisation.

Traitement

Un traitement médical est disponible pour guérir l’infection chronique par l’hépatite C.
Le développement d’un traitement puissant et très efficace contre l’hépatite C utilisant des antiviraux à action directe (AAD) a fait de l’élimination globale de l’hépatite C une possibilité plus réaliste, même si l’accès à ces médicaments reste encore sévèrement limité. L’efficacité des traitements pendant 8 à 12 semaines avec une combinaison de deux médicaments AAD a été démontrée par des essais cliniques, avec un taux de guérison de 95% des patients. Les AAD ont grandement simplifié le traitement de l’hépatite C, qui nécessitait différentes combinaisons de médicaments et de schémas thérapeutiques en fonction du type de virus traité. Certains AAD ne sont recommandés que pour des génotypes spécifiques, ce qui nécessite des tests génotypiques individuels coûteux avant le début du traitement. Cependant, les nouveaux schémas AAD «pan-génotypiques», combinaisons spécifiques de 2 médicaments qui peuvent guérir les infections de tous les types de virus de l’hépatite C, peuvent maintenant guérir la plupart des gens, quel que soit le génotype de leur infection.

Toutes les personnes atteintes d’une hépatite C chronique peuvent prendre des mesures pour prévenir les lésions hépatiques et devraient avoir accès à des soins médicaux appropriés pour surveiller l’état de leur foie. Une évaluation de la consommation d’alcool doit être effectuée pour les personnes qui ont confirmé une infection à l’hépatite C, suivie d’une intervention de réduction de la consommation d’alcool pour les personnes ayant un niveau de consommation d’alcool modéré ou élevé (défini comme la consommation de plus de neuf verres de bière ou de vin par semaine, indépendamment de l’âge ou du sexe). Les PID doivent recevoir des informations sur la manière de prévenir l’infection par les hépatites B et C, y compris se voir proposer une vaccination contre le virus de l’hépatite B pour éviter le risque d’avoir deux infections hépatiques en même temps. Les lésions hépatiques doivent être évaluées à l’aide des scores APRI et FIB-4, qui sont calculés en utilisant une combinaison de taux d’enzymes hépatiques, de taux de plaquettes et de l’âge de la personne. Une échographie spéciale du foie qui évalue la raideur hépatique (appelée FibroScan®) peut être utilisé, si disponible.

Co-infection hépatite C-VIH

Sur les 36,7 millions de personnes vivant avec le VIH (PVVIH), la prévalence des personnes présentant des signes d’infection à l’hépatite C est de 6,2%. Les taux d’infection par l’hépatite C sont particulièrement élevés chez les personnes qui s’injectent des drogues et qui sont séropositives, avec plus de 80% de cette population co-infectée, selon certaines études. Dans d’autres populations vivant avec le VIH, la fréquence de co-infection est plus faible, 6,4% chez les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes; 4,0% chez les femmes enceintes et les personnes hétérosexuelles; et 2,4% de la population général. On estime que dans le monde il y a environ 2.278.400 personnes co-infectées VIH-VHC, dont 1362 700 (59,8%) sont des utilisateurs de drogues injectables.

On estime que la probabilité de contracter l’infection pour l’hépatite C est 6 fois plus élevée chez les personnes vivant avec le VIH, par rapport aux personnes qui ne vivent pas avec le VIH.

La co-infection est un problème de santé publique urgent qui pourrait compromettre les progrès réalisés dans la lutte contre l’épidémie de VIH.
La plupart des AAD recommandés par l’OMS peuvent être co-administrés avec des médicaments anti-VIH couramment utilisés dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Cependant, certains médicaments anti-VIH peuvent interagir avec les AAD utilisés pour traiter l’hépatite C. Lorsque ces interactions médicamenteuses sont anticipées, des substitutions aux médicaments anti-VIH doivent être effectuées avant de commencer le traitement contre l’hépatite C.

La stabilisation de l’infection par le VIH avec un traitement antirétroviral est recommandée avant de commencer le traitement contre l’hépatite C. L’hépatite C progresse plus rapidement et provoque plus de problèmes de santé liés au foie chez les personnes vivant avec VIH, par rapport à ceux qui ne vivent pas avec le VIH. Bien que les PVVIH vivent mieux et plus longtemps grâce à un meilleur accès aux traitements antirétroviraux, les maladies du foie causées par l’hépatite C sont en train de devenir une des principales causes de leur décès.

ARV, Traitement de Substitution aux Opiacées (TSO), Antiviraux à Actions Directe (AAD) et traitement des comorbidités.

Maintien des traitements

De l’importance d’avoir étendu les systèmes à tous médicaments, au-delà des ARV !

Lors des confinements les gouvernements, dans certains cas, se sont appuyés sur le travail des associations communautaires et de leurs pair-éducateurs pour continuer à assurer le soutien que les services de santé n’étaient pas en mesure de fournir à un moment où les ressources étaient limitées du fait de demandes plus importantes, et quand certains centres de santé ont dû être fermés au public pour éviter la contamination.
Par exemple, des services de dépistage du VHC et de réduction des risques ont été assurés à Manipur (Inde) grâce à la collaboration entre le partenaire CoNE et le ministère de la Santé local, la distribution d’AAD et d’ARV a été possible en Inde et en Malaisie grâce à la collaboration entre les organisations communautaires et le ministère de la Santé, tandis que la thérapie de substitution aux opiacées a été possible au Maroc grâce au travail de sensibilisation mené par l’ALCS en collaboration avec les centres de réduction des risques.

Le projet EPIC a pour objectifs d’étudier les impacts de la crise sanitaire sur les populations vulnérables au VIH, sur les personnes vivant avec le VIH ainsi que sur les personnes qui travaillent auprès de ces populations et d’identifier les innovations qui ont émergé pendant la crise et qui pourraient être pérennisées ou étendues. Il comporte notamment une enquête à destination des usagers-ères de produits stupéfiants.

Recommandations:
  • Garantir que les populations cliniquement stables dont les populations clés bénéficient de modèles simplifiés de prestation de TARV ; y compris des prescriptions étendues à plusieurs mois (3 à 6 mois).
  • Assurer des doses à emporter de méthadone ou de buprénorpine pour les personnes stables sous TSO.
  • Approvisionner en quantité adéquate de l’ensemble des médicaments pour traiter à la fois le VIH, les coïnfections et les comorbidités (+TSO) ; comme d’ailleurs ceux liés aux moyens de contraception, traitement hormonal de réassignation sexuelle, tuberculose.
  • Pourvoir une assistance virtuelle, télémédecine, ramassage et livraison dans la communauté et la pharmacie, option d ’«auto-prise en charge », auto-échantillonnage, autodépistage, auto-collecte, et favoriser l’accès aux pairs afin d’assurer le continuum des services de santé essentiels.
  • Dans les pays qui n’ont pas mis en place une législation autorisant la délivrance d’ordonnance longue durée : nous vous conseillons de vous mettre le plus rapidement possible en contact avec le personnel soignant qui vous suit. Pensez à vous regrouper avec d’autres personnes de votre communauté afin de persuader le personnel soignant et les décisionnaires afin d’obtenir la délivrance de l’ordonnance de vos médicaments indispensables sur plusieurs mois !
  • Décentraliser la prestation de service pour décongestionner les établissements : PrEP -Project PrEP adaptative strategies (UNITAID, …) ; unités mobiles à l’extérieur des cliniques ; points de collecte de médicaments + patients enregistrés -administration PrEP.