Face à la Covid, le savoir-faire communautaire au cœur de la riposte en santé

Contre la COVID-19 : la coercition est un remède inefficaceContre la COVID-19 : la coercition est un remède inefficace

Face à la Covid, le savoir-faire communautaire au cœur de la riposte en santé

Face à la Covid, le savoir-faire communautaire au cœur de la riposte en santé 820 615 MNM

Un récent rapport du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme fait le constat que plusieurs pays à revenu faible et intermédiaire ont dû s’appuyer sur les agents de santé et notamment les agents de santé communautaire dans le contexte de la COVID-19 pour assurer la continuité des soins. Coalition PLUS, réseau international d’associations communautaires de lutte contre le sida et les hépatites virales, rappelle qu’il est désormais indispensable d’investir aussi dans les systèmes de santé communautaires pour atteindre les objectifs que s’est fixée la communauté internationale dans la lutte contre les grandes épidémies (sida, tuberculose et paludisme).

L’enquête a été réalisée dans 24 pays en Afrique et 7 pays en Asie. Elle révèle que la crise sanitaire liée à la COVID-19 a fortement perturbé la prestation des services de santé. Dans le cas de la lutte contre le VIH, les données sont particulièrement alarmantes. Durant la période d’avril à septembre 2020, le dépistage a chuté de 41% en comparaison avec la même période en 2019. Les services d’orientation des patients et de traitement du VIH ou autre infection sexuellement transmissible ont diminué de 37% durant la même période.

La perturbation de ces services menace les progrès réalisés jusqu’à présent dans la lutte contre le sida puisque l’orientation des patients-es et le dépistage du VIH sont des étapes incontournables pour prendre en charge l’infection, accéder aux traitements et réduire les risques de décès et de transmission.

En ce qui concerne la tuberculose, l’enquête note que l’orientation des patients suspectés vers le diagnostic et le traitement a chuté de 59% tandis que les diagnostics du paludisme ont baissé de 31%.

Dans la majorité des pays dans lesquels l’enquête a été menée, les structures de santé ne disposaient pas d’équipements de protection suffisants (gants, masques, désinfectant pour les mains, etc.) pour permettre aux agents de santé de se protéger contre la COVID-19.

Une riposte communautaire vitale

Selon ce rapport, « Les agents de santé et les agents de santé communautaires qui fournissent des soins et des services dans des contextes formels et informels sont au cœur des systèmes de santé résistants et pérennes. Le COVID-19 a directement menacé leur sécurité et leur capacité à faire leur travail. (…) Toutes les catégories d’agents de santé ont été touchées, ce qui démontre encore une fois la nécessité de fournir de la formation, une protection et des équipements de protection individuelle (EPI) aux agents de santé à tous les niveaux ».

C’est ce qu’a fait Coalition PLUS dès avril 2020 pour permettre la continuité des services aux plus vulnérables et éloignés du soin.

Dans leur pays où elles étaient déjà des acteurs clé dans la lutte contre le sida et les hépatites virales, les associations membres et partenaires de Coalition PLUS ont proposé leur expertise aux autorités nationales afin d’assurer la continuité des soins dans ce contexte exceptionnel.

Au Maroc, l’Association de Lutte contre le sida (ALCS) -membre de Coalition PLUS- a été autorisée à distribuer les antirétroviraux aux personnes vivant avec le VIH sur leur lieu de résidence, ce qui a permis de maintenir dans le soin de nombreux patients, notamment ceux vivant dans des zones reculées.

A Maurice, la livraison des antirétroviraux que notre organisation membre Prévention Information Lutte contre le Sida (PILS) a été autorisée à mener directement aux personnes vivant avec le VIH prises en charge par le système de santé public, a favorisé le retour dans le soin de certains patients qui avaient arrêté leur traitement. En Equateur, au-delà de la distribution des traitements ARV pour les personnes migrantes, notre association membre Kimirina a pu mettre en place pendant le confinement des consultations médicales en visioconférence et distribuer la Prophylaxie pré-exposition (PrEP), traitement préventif du VIH. Au total en 2020, les activités de prévention virtuelle mises en œuvre dans notre réseau ont touché 5 841 bénéficiaires et les dispositifs de soutien psychologique à distance ont atteint 15 514 personnes.

Renforcer le système de santé communautaire

Grâce au fonds d’urgence d’1,4 millions d’euros mis en place par Coalition PLUS avec le soutien de ses principaux bailleurs tels que UNITAID, l’Agence française de développement, Expertise France et la Fondation Robert Carr), les organisations membres et partenaires de notre réseau ont été en mesure d’adapter leurs services et répondre aux besoins vitaux des populations vulnérables en leur distribuant 7500 paniers alimentaires et 11 421 kits d’hygiène.

« A l’ANSS, au Burundi, nous n’aurions pas pu jouer le rôle qui a été le nôtre sans ce fonds d’urgence qui a permis de subvenir aux besoins les plus élémentaires des personnes vivant avec le VIH et des populations clés. Il ne suffit pas de dire aux populations de se laver les mains alors qu’ils n’ont pas de quoi se payer de l’eau ou du savon. Il faut leur donner les moyens de mettre en pratique ces consignes et c’est ce que nous avons pu faire avec le fonds d’urgence de Coalition PLUS », explique Jeanne Gapiya présidente de l’ANSS, association membre de Coalition PLUS.

Malgré leur rôle crucial joué dans un contexte mondial aussi particulier, les acteurs.rices communautaires restent trop peu reconnu.e.s et intégré.e.s dans les systèmes de santé au niveau national.

Afin de mieux lutter contre les pandémies et atténuer leurs impacts sur les populations, il est urgent de :

  • maintenir les efforts sur la lutte contre les pandémies, pour ne pas perdre les acquis des dernières décennies, en matière de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme,
  • développer et soutenir une approche intégrée des systèmes de santé,
  • renforcer le financement des systèmes de santé communautaire afin de garantir l’accès à la santé de tous,
  • reconnaître et légitimer le système de santé communautaire en tant que structure complémentaire du système public, car il amène le soin aux bénéficiaires et personnes éloignées du soin, dans un cadre adapté au mode vie et besoins des personnes, et permettent ainsi de ne “laisser personne de côté”, comme le recommande l’OMS,
  • reconnaître, valoriser et rémunérer les ressources humaines et l’expertise communautaires pour qu’elles ne soient plus des fonctions précaires, mais des métiers pérennes.

    En savoir plus sur la réponse de Coalition PLUS à la COVID-19

    Contact Presse : Raphaël DJAMESSI, à Dakar, + 221 78 432 52 59/ rdjamessi@coalitionplus.org

A propos de Coalition PLUS : Union internationale d’ONG communautaires de lutte contre le sida et les hépatites virales fondée en 2008, Coalition PLUS intervient dans 52 pays et auprès d’une centaine d’organisations de la société civile. A travers le principe de gouvernance partagée qui la régit, notre union implique 16 organisations adhérentes et plus de 100 associations partenaires dans 52 pays du Nord et du Sud, dans la prise de décision. Elle est actuellement présidée par le Pr Hakima Himmich.

Notes aux rédactions

Rapport du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme : ici

Objectifs des Nations Unies en matière de santé : D’ici à 2030, mettre fin à l’épidémie de sida, à la tuberculose, au paludisme et aux maladies tropicales négligées et combattre l’hépatite, les maladies transmises par l’eau et autres maladies transmissibles.

Communique de presse de Coalition PLUS : “COVID-19/SIDA: Coalition PLUS crée un fonds d’urgence pour assurer le maintien des soins dans 45 pays.”

En savoir plus sur la réponse de Coalition PLUS à la COVID-19